Contribution n°164 (Web)
Déposée le 7 octobre 2025 à 18h06
Nous considérons que la liste actuelle de cavités est satisfaisante et cohérente avec la diversité des objectifs du projet : protection des patrimoines biologique, géologique, culturel et archéologique ; développement d’une activité d’étude et de connaissance : éducation à l’environnement et découverte du monde souterrain. Certaines cavités ont un fort intérêt pour le patrimoine géologique ou biologique. D’autres ont une vocation principale pédagogique ou visent simplement à inclure une part de la diversité des milieux souterrains ariégeois.
Le monde souterrain est fragile et sujet à de nombreuses menaces. Certaines, majeures, proviennent des activités humaines de surface, du changement climatique et de la pollution des eaux en particulier. Les menaces liées à certaines fréquentations du milieu souterrain sont également importantes et nous sommes très fréquemment saisis d’atteintes variées : dépôts sauvages de déchets ; dégradations de concrétions ; dérangements de chauves-souris ; fréquentation excessive de cavités, … Il s’agit à la fois d’incivilités, de malveillances et de méconnaissance. Lorsque les auteurs de ces actes sont identifiés ce sont rarement des spéléologues fédérés. Plus encore, la FFS et ses spéléologues sont engagés depuis le début des années 1970 dans des actions visant à gérer ces problèmes :
Le projet de décret n’est en rien une mise sous cloche. Il permet la découverte du milieu souterrain et la pratique de la spéléologie, tout en veillant à préserver l’intégrité du milieu. Ceci justifie les quelques interdictions prévues par le décret. Ces interdictions, nécessaires, concernent des actes que les spéléologues responsables ne s’autorisent pas où qu’ils soient. Nous considérons donc que le projet de décret est adapté aux menaces très limitées liées à la pratique de la spéléologie tout en donnant des garanties vis-à-vis de comportements indélicats ou inadaptés.
Le projet conjugue enjeux de protection, de connaissance et de partage des patrimoines. Il invite les spéléologues à s’y engager pour faire connaître et mettre en œuvre leurs compétences multiples. Il reste à progresser sur ce point.
La commission environnement de la FFS émet un avis favorable et souhaite vivement que la FFS et ses structures déconcentrées (Comité départemental de spéléologie de l’Ariège et Comité spéléologique régional d’Occitanie) soient très fortement impliquées dans la gouvernance de la future réserve.
Direction Nationale de la commission environnement de la FFS
PO Philippe Fleury, président de la commission
NB : le courrier ci-joint précise le contenu de ce message
Document joint
Contribution n°163 (Web)
Déposée le 7 octobre 2025 à 18h05
Il faut absolument préserver les richesses naturelles et culturelles de l'Ariège.
Contribution n°162 (Email)
Déposée le 6 octobre 2025 à 21h28
Bonjour,
Vous trouverez ci-joint mon avis argumenté pour les contributions de l'enquête publique.
Je vais essayer de passer vous voir à votre permanence d'Auzat le 16/10, mon travail devrait me permettre de me libérer. Peut-on prendre rendez-vous, car je ne peux pas y passer tout l'après-midi ?
Merci de confirmer réception de ce mail,
Dans l'attente de votre réponse,
Bien cordialement
floguillot.com
Document joint
Contribution n°161 (Web)
Déposée le 7 octobre 2025 à 16h03
Contribution n°160 (Web)
Déposée le 7 octobre 2025 à 15h51
Pourtant, ces richesses sont menacées par :
La fréquentation non encadrée de certaines cavités,
>> en quoi est-ce une menace, puisqu´elle existe déjà sans impact négatif mis en évidence sur la plupart des sites, les autres bénéficiant déjà de protection (APPB, ZNIEFF, etc)?
Les fouilles clandestines et pillages archéologiques,
>> les sites susceptibles d´abriter des ressources archéo sont soit déjà pillés (L´Estelas) soit protégés (Mas d´Azil, Ker de Massat, Malarnaud)
Les pollutions diffuses,
>> le projet de réserve éclatée n'apporte pas de réponse, il n'empêche pas une pollution des karsts ou des aquifères. il aurait fallu, si une telle menace était avérée, protéger l´entité karstique
Certaines activités industrielles ou extractives,
>>sauf là où il y a un projet minier (Anglade, retiré du projet)
Et surtout par les effets du changement climatique, qui modifie l’équilibre hydrologique des aquifères et fragilise les espèces adaptées à des conditions stables.
>>> la création d´une réserve n´a aucun effet sur le changement climatique
Il n'y a en fait pas de menace qui justifie la mise en réserve des sites pressentis, c'est bien le problème.
Concernant les objectifs affichés :
"les objectifs sont multiples :
Préserver la biodiversité souterraine : protéger les espèces animales et végétales rares, endémiques ou menacées, et garantir la pérennité de leurs habitats.
>> ce projet ne garantit pas la pérennité des habitats des espèces rares et endémiques, le milieu de vie est le karst, pas la grotte. Les habitats ne sont de facto pas pérennisés par ce projet, des atteintes au karst restant possible hors du projet 8qui ne tient compte que de découpage cadastral, pas de la géologie). Certaines cavités sont très importantes pour les chauve souris; elles bénéficient déjà de protection et de plan de gestion (APPB)
Protéger la qualité des eaux : les réseaux karstiques jouent un rôle crucial de réservoirs et de filtres. Leur préservation bénéficie directement aux écosystèmes de surface et à la ressource en eau.
>> le projet n´est pas centré sur les aquifères pour quasiment tous les sites. Il ne garantit pas de protéger la qualité des eaux.
Accompagner la recherche scientifique : la Réserve deviendra un laboratoire naturel de renommée internationale en biospéologie, géologie, hydrologie et archéologie.
>>Pourquoi? Pour l'heure, et au vu du décret, la recherche scientifique libre sera entravée.
Préserver les patrimoines archéologiques et paléontologiques : garantir leur intégrité et permettre leur étude scientifique dans les meilleures conditions.
>>Quels sites? Les sites importants sont déjà protégés (Mas d´Azil, Ker de Massat, Malarnaud..sites sous APPB)
Sensibiliser et éduquer : associer les habitants, scolaires, spéléologues et visiteurs à la découverte de ce patrimoine et à l’importance de sa préservation.
>>La première étape serait de les consulter et de les écouter.
Concilier protection et activités humaines : le projet prévoit explicitement le maintien des pratiques existantes et ayant permis le maintien de ce patrimoine exceptionnel : spéléologie encadrée, agriculture, pastoralisme, exploitation forestière.
>>En cas de menace sur un karst, la gestion forestière et les pratiques agricoles doivent être encadrées. L'impact de la gestion forestière a un impact direct sur les sols, et sur les intrants qui sont à la base de la chaîne alimentaire en milieu souterrain. Des études existent qui comparent la diversité d'une hêtraie et l'impact catastrophique de l'enrésinement sur la biodiversité endémique des sols pyrénéens.
Charge au futur gestionnaire de se servir de la réserve comme un lieu exemplaire pour la promotion de la spéléologie, de la biospéléologie en s’appuyant sur l’expertise des spéléologues locaux."
>>Alors, pourquoi ne pas les écouter, et soutenir leurs propositions?
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Et à la contribution 159 :
Nous remercions "Spéléo masqué" pour son éclairage d´expert de la faune souterraine, et regrettons son anonymat. Concernant les espèces citées:
Speonomus pyrenaeus est une espèce à grande aire de distribution en Ariège, contrairement à ce qui est dit.
Les autres espèces citées sont fantaisistes : Speonomus brusteli et Chthonius cazaveti n´existent pas, Spelaeodiscus triarius est un escargot des Carpathes, le "Niphargus ariégeois" n´est pas une espèce.
Nous n´avons pas analysé plus avant cette contribution.
SKAB
Contribution n°159 (Web)
Déposée le 7 octobre 2025 à 14h28
Le dossier scientifique montre que ce territoire karstique abrite une faune d’intérêt patrimonial et scientifique exceptionnel, fruit d’une évolution isolée et ancienne. Les milieux karstiques ariégeois hébergent plusieurs espèces endémiques strictes ou à répartition très restreinte, comme le gastéropode Spelaeodiscus triarius, le Speonomus pyrenaeus et Speonomus brusteli (coléoptères leptodirinés), le pseudoscorpion Chthonius cazaveti, ou encore le crustacé Niphargus ariégeois.
Ces amphipodes souterrains vivent dans des réseaux hydrologiques discontinus, ce qui accentue leur vulnérabilité à la pollution ou aux modifications du débit. Des travaux récents montrent qu’il existe une grande diversité phylogénétique au sein de ces fossiles vivants comme le genre Niphargus, ce qui indique que la perte de populations locales pourrait signifier une perte de biodiversité irréversible, justifiant une réserve "multisite".
À ces espèces strictement cavernicoles s’ajoutent des vertébrés emblématiques et menacés, tels que le Calotriton des Pyrénées (Calotriton asper), espèce strictement protégée (Arrêté du 8 janvier 2021) et à la répartition fortement morcelée, avec des populations isolées dans les massifs karstiques endémique du massif pyrénéen. Cela implique un risque élevé de perte génétique, de dérive ou d’extinction locale si les milieux ne sont pas correctement préservés.
En ce qui concerne les chiroptères, plusieurs chauves-souris sont protégées au niveau national et d'envergure européenne (Rhinolophus hipposideros, Myotis myotis, Miniopterus schreibersii).
Contrairement à certains arguments défavorables, la création de la réserve ne vise pas à restreindre la recherche ni les activités spéléologiques, mais à garantir la pérennité des études, comme celles menées depuis plus de 45 ans par le CNRS de Moulis, et à préserver des habitats d’une fragilité extrême. Les karsts ariégeois présentent une faible capacité d’autoépuration et sont particulièrement sensibles aux pollutions chimiques et aux perturbations hydrologiques. En complément de plusieurs outils contractuels, leur protection réglementaire est donc indispensable.
La future réserve assurerait également un levier pédagogique et de diffusion de la connaissance d’un patrimoine géologique, hydrologique et archéologique unique, tout en renforçant la cohérence du réseau Natura 2000 (sites « Grottes du Mas-d’Azil », « Ker de Massat », « Petite Caougno », etc.).
En ce sens, la Réserve naturelle nationale souterraine de l'Ariège répond pleinement aux objectifs de la Stratégie nationale pour les aires protégées et de la directive européenne Habitats-Faune-Flore. Elle constitue un projet scientifique, écologique et patrimonial d’intérêt national et international.
Dans ce contexte, la Réserve n’a pas vocation à opposer les usages, mais à encadrer durablement la recherche, la spéléologie et la gestion des sites. Elle ne constitue pas une fermeture, mais un cadre de gouvernance concertée, permettant de concilier exploration, conservation et transmission des connaissances.
En conclusion, cette démarche ne devrait pas être vécue sous le prisme d’une opposition entre partisans et détracteurs du projet. La complexité des milieux souterrains exige une approche dépassant les postures dichotomiques, fondée sur la co-construction, l’éthique scientifique et la reconnaissance d’un patrimoine commun à la fois naturel, culturel exceptionnel de l’Ariège. La future Réserve pourrait ainsi devenir un espace exemplaire de dialogue entre science, territoire et société.
Contribution n°158 (Web)
Déposée le 7 octobre 2025 à 13h33
Contribution n°157 (Web)
Déposée le 7 octobre 2025 à 11h31
Ces habitats uniques accueillent :
Des colonies de chauves-souris de plusieurs espèces protégées (Minioptère de Schreibers, Rhinolophes, Murins…), indispensables pour la régulation des insectes et la santé des écosystèmes. La RNNS accueillerait une part significative des effectifs nationaux de certaines espèces !
Le Calotriton des Pyrénées, un amphibien endémique qui ne vit que dans les Pyrénées, et dont certaines populations trouvent refuge exclusivement en milieu souterrain.
Une grande diversité d’invertébrés cavernicoles, dont de nombreux sont endémiques d’une grotte ou d’un massif karstique : coléoptères, arachnides, crustacés aquatiques et tant d’autres. Ces espèces troglobies, dépigmentées et sans yeux, sont autant de témoins de la complexe histoire des Pyrénées.
Un patrimoine géologique et hydrologique de tout premier plan : formations karstiques spectaculaires, rivières souterraines, sources intermittentes uniques en Europe jouant un rôle de stockage et de purification de la ressource en eau.
Des trésors archéologiques et paléontologiques : art pariétal, vestiges préhistoriques, fossiles d’espèces disparues comme l’ours des cavernes ou le mammouth.
Pourtant, ces richesses sont menacées par :
La fréquentation non encadrée de certaines cavités,
Les fouilles clandestines et pillages archéologiques,
Les pollutions diffuses,
Certaines activités industrielles ou extractives,
Et surtout par les effets du changement climatique, qui modifie l’équilibre hydrologique des aquifères et fragilise les espèces adaptées à des conditions stables.
La création de la RNNS d’Ariège vise donc à protéger et valoriser ce patrimoine unique, tout en maintenant les activités humaines déjà présentes, de manière durable et encadrée. Les réserves naturelles visent à répondre à des menaces mais elles ont aussi pour mission d’inclure une part représentative du patrimoine naturel national. A ce jour, aucune réserve naturelle de la métropole ne pourrait prétendre à accueillir autant d’espèces aussi endémiques et spécialisées des milieux souterrains !
Les objectifs de la RNNS
Les réserves naturelles nationales ont pour mission de protéger le patrimoine naturel exceptionnel et d’en assurer une gestion durable. Dans le cas de la RNNS d’Ariège, les objectifs sont multiples :
Préserver la biodiversité souterraine : protéger les espèces animales et végétales rares, endémiques ou menacées, et garantir la pérennité de leurs habitats.
Protéger la qualité des eaux : les réseaux karstiques jouent un rôle crucial de réservoirs et de filtres. Leur préservation bénéficie directement aux écosystèmes de surface et à la ressource en eau.
Accompagner la recherche scientifique : la Réserve deviendra un laboratoire naturel de renommée internationale en biospéologie, géologie, hydrologie et archéologie.
Préserver les patrimoines archéologiques et paléontologiques : garantir leur intégrité et permettre leur étude scientifique dans les meilleures conditions.
Sensibiliser et éduquer : associer les habitants, scolaires, spéléologues et visiteurs à la découverte de ce patrimoine et à l’importance de sa préservation.
Concilier protection et activités humaines : le projet prévoit explicitement le maintien des pratiques existantes et ayant permis le maintien de ce patrimoine exceptionnel : spéléologie encadrée, agriculture, pastoralisme, exploitation forestière. Charge au futur gestionnaire de se servir de la réserve comme un lieu exemplaire pour la promotion de la spéléologie, de la biospéléologie en s’appuyant sur l’expertise des spéléologues locaux.
En résumé, cette réserve n’est pas un projet de sanctuarisation coupé du territoire : elle est conçue comme un outil pour protéger, transmettre et partager, en intégrant les acteurs locaux et les usagers.
Contribution n°156 (Web)
Déposée le 7 octobre 2025 à 10h39
Spéléologue en Ariège et fédéré FFS (Fédération Française de Spéléologie) depuis la fin des années 1970, ancien du laboratoire souterrain de Moulis pour y avoir réalisé ma thèse. Ingénieur géologue de métier à la retraite.
Membre de l’AFK (Association Française de Karstologie), je fais aussi partie du conseil scientifique de la Réserve naturelle nationale d'intérêt géologique du Lot depuis sa création en 2016.
J'ai suivi l'ensemble des étapes du projet depuis sa relance en 2018. J'y ai également contribué en tant que spéléologue et sur le plan scientifique via le groupe SKAB (Spéléo-Karsto-Archéo-Bio). Travail qui a permis d'enrichir considérablement le projet initial avant sa soumission au CNPN (Conseil National de la Protection de la Nature) en mars 2022.
Mais force est de constater qu’après le rendu de l’avis d’opportunité du CNPN (Conseil National de la Protection de la Nature) il n’y a plus eu de discussion possible et cela implique de graves manquements dans le dossier scientifique de l’enquête publique.
L’exclusion injustifiée des cavités du site des mines d’Anglade / Salau et l’absence d’informations cartographiques détaillées sur les cavités dans le dossier scientifique montrent que les recommandations du CNPN n’ont pas été correctement suivies.
En effet, Le Conseil National de la Protection de la Nature (CNPN), dans son avis d’opportunité du 15 mars 2022, a formulé deux recommandations majeures qui auraient dû guider la suite de l’élaboration du projet de Réserve Naturelle Souterraine de l’Ariège :
A « Les sites devront de plus être complétés par l’intégration de nouveaux sites représentatifs de la géodiversité souterraine remarquable de cette région… / Le CNPN souhaite que des sites dont le géopatrimoine est reconnu puissent être intégrés à ce projet de Réserve naturelle. »
B- « Les propriétaires fonciers étant détenteurs du fonds et du tréfonds (code civil), il est indispensable d’avoir un report en surface (cadastre) du développement souterrain des cavités. La définition du périmètre de protection qui est associé à ce report en surface est à préciser. »
Or, le projet aujourd’hui soumis à enquête publique ne respecte que partiellement (ajout de Fontestorbes) pour la première ou pas du tout pour la seconde, ces deux recommandations pourtant essentielles.
1- L’exclusion injustifiée du site d’Anglade / Salau
L’exemple des cavités dans le secteur des mines d’Anglade / Salau montre clairement les dérives que peut engendrer un manque d’écoute. La méconnaissance géologique des porteurs du projet a conduit à des décisions incohérentes, notamment l’exclusion de sites karstiques abritant des espèces menacées. En effet, les cavités d’origine karstique se développent dans des formations calcaires totalement indépendantes des minéralisations associées au métamorphisme de contact autour de l'intrusion de granodiorite centré sur le pic de la Fourque (T. Poitrenaud, 2018).
Une espèce d'insecte unique au monde - Aphaenops (Aurigerotrechus) vandelianus - a été découverte dans l'aven d'Anglade et une autre espèce remarquable - Paratroglophyes jeanneli - ne se trouve que dans la grotte d'Anglade située à l'entrée du cirque et dans un gouffre situé au Port de Salau.
Aujourd’hui, la reprise des activités minières pour la prospection du tungstène et de l’or est à l’ordre du jour avec le dépôt de deux demandes de permis dont l’une s’étend bien au-delà du périmètre de l’ancienne mine mais il n’y a pas de réel argument pour opposer la reprise de l’exploration minière et la protection de cavités karstiques. Il existe des exemples où les deux sont conciliés. Et va -t-on interdire la randonnée jusqu’au cirque d’Anglade et le port de Salau sous prétexte de réserve ?
Finalement, la raison économique évoquée par les services de l’état pour éliminer le site d’Anglade est infondé et va à l’encontre d’une des recommandations du CNPN dans son avis d’opportunité du 15 mars 2022 : « les sites devront de plus être complétés par l’intégration de nouveaux sites représentatifs de la géodiversité souterraine remarquable de cette région…/ Le CNPN souhaite que des sites dont le géopatrimoine est reconnu puisse être intégrés à ce projet de Réserve naturelle. »
On note cependant que l’avis CNPN a été dans le même sens que le SKAB qui avait déjà introduit ce paramètre dans l’évaluation des sites en proposant son projet alternatif. Et effectivement, dans le dossier scientifique de l’enquête publique la documentation géologique a été renforcée répondant à la demande du CNPN. Malheureusement le site d’Anglade qui avait été supprimé arbitrairement avant la soumission du projet début 2022 passe au travers de l’évaluation du CNPN.
Les grottes de Payssa et de L’Estelas ajoutées arbitrairement en compensation ne peuvent en aucun cas remplacer les cavités d’Anglade. Pour ce qui concerne la géobiodiversité, Payssa n’est pas identifié en tant que géopatrimoine et l’Estelas présente un intérêt moyen. En revanche, le secteur d’Anglade est référencé à l’Inventaire National du Patrimoine Géologique (INPG) pour la mine de scheelite (MPY 1449) et pour les morphologies remarquables du cirque glaciaire d’Anglade (MPY 1631) ce qui aurait répondu à la demande du CNPN.
L’exclusion des cavités du cirque d’Anglade est donc scientifiquement infondée et affaiblit le projet, d’autant qu’aucune concertation n’a été engagée avec les spéléologues et scientifiques ayant déjà proposé des ajustements constructifs avant la réunion du CNPN de 2022. Les grottes de Payssa et de l’Estelas, proposées en substitution, n’ont ni la valeur géologique ni la biodiversité équivalente.
Les cavités du site d’Anglade / Salau doivent être réintégrées dans le périmètre de la réserve pour respecter la première recommandation du CNPN qui devra refaire une évaluation du site.
2- L’absence d’informations cartographiques détaillées sur les cavités
La seconde recommandation du CNPN rappelait la nécessité d’un report cartographique précis du développement souterrain des cavités sur le cadastre. Or, le dossier d’enquête publique ne contient aucune topographie ni aucune localisation de l’ensemble des cavités inventoriées sur les parcelles concernées.
Un projet de réserve souterraine sans document cartographique sur les cavités qui seront protégées, est pour le moins surprenant.
A cause de ces manques le dossier ne répond pas la demande du CNPN : « Les propriétaires fonciers étant détenteurs du fonds et du tréfonds (code civil), il est indispensable d’avoir un report en surface (cadastre) du développement souterrain des cavités. La définition du périmètre de protection qui est associé à ce report en surface est à préciser. »
Sans ces informations le dossier est difficile à évaluer et contraire à la transparence exigée pour une réserve naturelle. Les porteurs du projet tentent de justifier cette absence par un souci de « lisibilité » (annexe C, p. 118–123), mais cet argument n’est pas recevable. Sans cartographie détaillée, il est impossible de définir un périmètre cohérent de protection.
Les documents cartographiques du dossier doivent impérativement être complétés par les topographies et localisations précises de toutes les cavités connues, conformément à la seconde recommandation du CNPN.
3- Conclusion
Le projet de Réserve Naturelle Nationale Souterraine d’Ariège, tel qu’il est soumis à l’enquête publique, ne met pas correctement en œuvre deux recommandations importantes du CNPN (Conseil National de la Protection de la Nature émises) de l’avis d’opportunité du 15 mars 2022.
L’exclusion injustifiée des cavités du site d’Anglade / Salau et l’absence d’informations cartographiques détaillées sur les cavités compromettent la rigueur scientifique, la transparence foncière et la représentativité patrimoniale du projet.
Ces manquements justifient un avis défavorable. Une révision intégrant les cavités du cirque d’Anglade et des cartes précises des développements souterrains permettrait d’aboutir à une réserve conforme aux attentes du CNPN et digne de la richesse du patrimoine karstique ariégeois.
Contribution n°155 (Web)
Déposée le 7 octobre 2025 à 09h50